Tous les soirs, à l'arrêt de bus, il y a une petite vieille aussi penchée que la tour de Pise. Elle ne doit pas être plus grande que la poubelle sur laquelle est s'appuie ; elle est vraiment toute petite, et surtout, elle pue la pisse. Son nez goutte et jamais elle ne prend la peine de l'essuyer d'un revers de manche. La petite vieille attend le bus et ne lâche pas son petit caddy qu'elle a soigneusement emballé dans des sacs en plastique.

Et quand le bus arrive, elle met un temps infini à escalader la marche. Personne ne l'aide, elle pue trop. Pourtant elle a l'air sympathique, certainement une grand-mère gâteaux, mais qui donne a bouffer à tous les chats du quartier. Une fois grimpée, elle discute toujours avec le chauffeur, qui regarde désespérément dans son rétroviseur central et s'aperçoit que la première moité du bus est vide. Elle pourrait s'assoir bordel!, pense le chauffeur. Il veut vraiment s'en débarrasser, comme tous les soirs, car elle pue vraiment la pisse. Mais elle a l'air sympathique. Cruel dilemme. S'il lui adresse la parole, elle restera. Mais heureusement pour lui, au moment où il se décide, toujours elle descend.

Bon, sinon, il y a aussi les skieurs.

A Cambrai, on s'ennuie vite. Il est à peine 18 heures que tous les feux de circulation de la ville se mettent à l'orange clignotant. C'est donc l'heure de notre feuilleton au suspense intenable: est-ce que la voiture sans permis tunnée et bridée à 45 kilomètres heures et la mamie avec déambulateur vont se rentrer dedans?

A chaque fois, nous avons une pensée émue pour Sainte Rita, le souhaitant tellement fort que cela n'arrive jamais. Et je suis sûre que cette situation insoutenable nous occupe autant parce que notre ancienne colocataire, ou devons-nous dire ectoplasme, est partie sans mot dire avec sa machine à café. (D'ailleurs, notons que lorsqu'on a commencé à chercher la cafetière, l'ectoplasme s'est mis à prendre un peu de consistance grâce à l'objet de notre désir et notre besoin de caféine).

J'ai oublié de me démaquiller hier soir et j'ai le regard stupide d'un panda tout perdu derrière sa cage zoo qui ne comprend pas pourquoi on lui lance des cacahuètes alors qu'il mange du bambou. C'est ce mélange de sentiments qui me traversent le corps plus que l'esprit les lendemains de soirées trop arrosées et trop dansantes. Pensées décousues avec une logique certaine, sons bizarrement articulés et compréhensibles seulement par quelqu'un qui se brosse les dents, bouche pâteuse, décès stomacale...
Du coup, j'ai soif et j'ai faim. Je ramasse mon sac et rassemble mes associations de mots et de paroles et je trace droit devant. Des effluves de gras s'échappent de la baraque à frites, de l'autre côté de la ville. Comme un appel divin (Sainte Rita s'est trompée de prière), je suis l'odeur et finis par commander un cornet coulant de sauce samouraï. Je suis tellement en trance que mes pas m'amène au pmu où une table m'attend. Demi. Clope. Paquet gras.

Elle est vraiment douée Sainte Rita.

Ôde à Cambrai, photos -téléphone portable-Tarte.

Hier, à 15h26, au Quick du Forum des Halles, à Paris. J'essaie de gruger la file pour avoir un café en vitesse. Je suis en pause au boulot et il me faut absolument une bonne dose de caféine pour tenir jusqu'à la fin de la journée. Je le paie, l'arrache des mains de la serveuse et le bois en vitesse en m'ébouillantant de l'intérieur. J'essaie de trouver un petit coin de table pour poser mon plateau. Le resto est plein à craquer.
M'accueille alors à bras ouverts, un black, la quarantaine et une chemise en satin marron bardée de petits pois fushia. Il s'appelle Marcel et il veut faire plus ample connaissance pour mieux pouvoir me combler.
Bonne journée.